Travail, inspiration et repos : pourquoi choisir ?

#30 Plaidoyer pour la nonchalance et l'ennui

Je vais t’aider à concilier inspiration, travail et repos

Comment arranger les trois pour créer des oeuvres de qualité plus facilement ?

C’est une des questions les plus importantes que se posent les artistes

La plupart échouent à trouver une réponse car

Ils se posent la mauvaise question

  • C’est comme la bonne musique

  • Il faut une approche holistique

  • Identifier ce qui marche bien, analyser pourquoi

  • Pour l’appliquer à un nouveau contexte avec souplesse

Tu sais déjà comment faire de la bonne musique

Les morceaux les plus époustouflants sont fait de contrastes. De tension et de détente.

Quelque soit le style, la pire critique qu’on peut entendre, c’est que sa musique est plate.

Parfois l’alto harmonise l’ostinato à la tierce dans le troisième mouvement.

Parfois un riff se muscle avec une seconde guitare dès le début du deuxième couplet.

Parfois la résonance d’un filtre s’affole juste avant le drop.

Bref… Histoire et émotions se développent et vivent grâce aux contrastes.

Et si il fallait aussi du contraste dans la vie de celui ou celle en charge de créer et de donner vie à cette musique ?
En même temps qu’un équilibre entre tension et détente ?

La star de mes articles, c’est toujours toi : un·e artiste qui cherche à conciliter efforts et bien-être, créativité et réussite, intégrité et confort financier.

Le challenge d’aujourd’hui ? L’agencement entre inspiration, travail et repos.

Tes adversaires ? Tu as le choix : le burn-out, le blocage créatif, le stress, le perfectionnisme… Le truc qui change par rapport à d’habitude, c’est que même des millions d’euros ne résouderait pas cette question. Ce n’est pas qu’une histoire d’argent.

Pour nous accompagner, les travaux de chercheurs, mon expérience (tant à accompagner des musicien·nes qu’en tant qu’artiste), des stratégies, et des techniques.

On y go ?

Une approche holistique

Premier préjugé, que tu as souvent entendu : “Oui mais toi tu es naturellement doué·e pour ça ! Je suis jaloux de ton talent. ”

Alors que derrière tes compétences, il y a eu des heures de travail, chaque semaine, pendant des années. Et c’est pas l’inspiration qui t’a poussé à travailler tes compétences, mais la passion. La fascination pour tes idoles.

Et tu avais surtout besoin de développer tes compétences pour les mettres au niveau de ton inspiration.

Au fur et à mesure que tu as grandi, la vie et ses contraintes économiques ont fait leur apparition.

Tu as du travailler de plus en plus. De moins en moins sur ta musique.

Tu as pu te reposer de moins en moins.

Et même si ta technique progressait, l’inspiration s’est faite plus rare. J’ai bon ?

Ce qui nous amène à un deuxième préjugé. Et cette fois c’est pas le préjugé d’un moldu qui ne crée rien.

Tu as ce préjugé.

Tu pense que “travailler, sans relâche, est le seul moyen de réussir.”

D’un côté, les jugements de la société sur les artistes qui sont tous des feignants tournent dans ta tête. Tu veux leur prouver que c’est faux.

De l’autre côté, les artistes en développement t’expliquant qu’ils n’arrêtent pas de travailler mais que c’est très dur. Qu’ils ne comprennent pas.

Alors tu travailles en permanence. Qu’il s’agisse de travailer sur tes gammes, ton son, trouver des idées de post, envoyer de mails de démarchage à la pelle,… C’est le culte de l’action pour l’action. Tu travailles de plus en plus.

Ce sont les premiers des 12 stades du Burn-out (Freudenberger).

Un sujet sur lequel j’ai beaucoup travaillé. Ce qui m’a amené à travailler dessus, c’est ma passion pour l’état de Flow, cet état de créativité intense très productif.

Et l’ennemi juré du Flow, c’est le burn-out (Kotler).

C’est très contre-intuitif, mais la recherche est formelle là-dessus, encore plus lorsqu’il s’agit de professions créatives : Travailler trop te rendra moins productif·ve.

J’écris ce mail pour toi, mais aussi pour mes client·es qui comprendront mieux pourquoi je leur dit de prendre des vacances. De lever le pied. De trouver du temps pour s’ennuyer. C’est pas juste un délire personnel avec la nonchalance. Il y’a des bases scientifiques solides, et de vrai bénéfices créatifs au repos !

La raison pour laquelle c’est contre-intuitif c’est ce que j’appele le biais de linéarité (terme utilisé dans la sphère anglo-saxonne mais pas trop par ici).

Ce biais cognitif c’est l'idée qu’un changement dans une quantité, produira un changement proportionnel dans une autre.

Exemple : en mettant 50mL d’engrais dans mon potager j’ai eu deux fois plus de tomates. Si on reste sur du purement mathématique, on s’attend à avoir quatre fois plus de tomates en utilisant 100mL d’engrais. Non ?

Mais il y’a plein d’autres facteurs à prendre en compte et qui font que ça ne marche pas comme ça. Par exemple le besoin qu’à la terre de se reposer.

Prêt·e pour le 3e préjugé ?

“Ok Ludo, travailler plus ne m’aidera pas, c’est contre-intuitif, blablabla…. mais j’aurais toujours le même problème avec l’inspiration. C’est un phénomène totalement spontané qui ne peut pas être cultivé.

C’est faux. Ce n’est pas possible d’avoir de l’inspiration sur commande, mais comme quand on cherche à cultiver des tomates, il y’a des conditions qui vont favoriser ça ou non.

C’est LA mauvaise question dont je parle en tout début d’article, et que beaucoup se posent : “Travailler quand j’ai de l’inspiration” ou “l’inspiration vient en travaillant” ?

En te limitant à cette question, tu ne respect pas la complexité de l’inspiration. Peut-être parce que ça te fait peur ? Tu te dis que ça veut dire que ça rendra les choses difficiles de voir cette complexité ? C’est une confusion de mots.

L’inverse de complexe = simple. L’inverse de difficile = facile.

Il y a des milliers de choses simples mais difficiles (battre un record du monde de sprint, c’est simple, mais c’est très difficile), et des choses complexes mais plutôt faciles (à partir du moment qu’on accepte qu’elles sont complexes). L’inspiration fait partie de cette dernière catégorie.

Si tu installes ton potager à l’ombre et que tu n’arrose jamais, ça ne poussera pas. Pareil pour l’inspiration : si tu es dans un état de burn-out permanent et ne fait jamais de choses pour activement te détendre, l’inspiration ne viendra pas.

Même sans en être conscient, tu as déjà fait l’expérience d’une combinaison de facteurs propice à donner des idées. Et tu as eu des idées, pertinentes ou farfelues, durant ce moment : sous la douche.

J’aime trop ma planète pour te recommander de prendre des dizaines de douche par jour. Je te propose de se pencher sur pourquoi on a plus d’idées sous la douche. Et de transposer ces conditions en dehors de la douche pour pouvoir avoir plus d’idées sans flinguer ta facture d’eau.

Ça et d’autres outils utiles pour mieux faire fonctionner ensemble travail, inspiration et repos. Partant·e ?

Identifier ce qui marche bien, analyser pourquoi

Pourquoi j’ai des idées sous la douche ?

Quand tu prends ta douche, plein de choses bénéfiques à l’inspiration ont lieu :

  • la détente : sous l’effet de l’eau chaude, les tensions se relâchent. Au niveau musculaire, mais pas que. Quand le corps n’est plus en situation d’alerte, les neurotransmetteurs les plus présent dans notre cerveau changent aussi. Pour un peu plus de détail, voici

Un extrait de l’atelier que j’ai développé sur la gestion du stress (aigu et chronique) chez les musicien·nes. Si tu connais une autre SMAC que ça intéresserait, fait leur signe de m’appeller, j’ai ce qu’il faut pour eux et pour toi.

  • le cycle du flow : La lutte = noradrénaline et cortisol, penses au stress et à l'anxiété. C’est pas le passage le plus fun, mais c’est un passage obligé (on verra dans un prochain mail comment rendre cette étape plus ludique et moins désagréable). Ensuite la détente nécessite de l'oxyde nitrique, qui calme le corps. Puis vient le Flow : un cocktail de toutes les substances neurochimiques qui nous font du bien : dopamine, norépinéphrine, anandamide, endorphines et sérotonine. La récupération marque l'étape finale, lorsque la majeure partie de cette chimie du bien-être a été épuisée, et qu'il est temps de se détendre. Pour pouvoir recevoir ces neurotransmetteurs à nouveau. Comme la terre du potager qui a besoin de se reposer et de se recharger en nutriments. Je n’invente pas ce cyle du flow qui a été mis à jour en 2004 par le Dr. Benson. L’écrasante majorité des gens ignorent les étapes 2 et 4 : bonjour les dégâts !  

  • l’ennui : je cherche un meilleur mot, car ennui à une connotation négative, mais c’est vraiment de ça dont il est question. Prendre sa douche n’est pas une aventure. C’est pas différent chaque jours. Tu fais les gestes machinalement sans avoir besoin d’y penser. Et pendant que ton corps est détendu, dans un environnement safe, en auto-pilote, ton esprit peut revâsser. L’ennui et les automatismes attirent l’inspiration.

II y aurait plein d’autres choses à dire sur les bienfaits créatifs qui se trouvent dans la douche, sa dimension synesthétique par exemple (la fraîcheur de ton gel douche à l’eucalyptus qui te fera penser à utiliser un son de synthé un peu froid à la place de l’orgue pour le break de ta nouvelle compo par exemple), mais je n’ai prévu d’écrire ça.

Le plus utile, c’est d’anayser et décortiquer les choses qui nous font avancer dans la bonne direction. Afin d’isoler des éléments que l’on peut ensuite transposer à d’autres contextes (je donnerais des pistes dans la prochaine partie).

Voyons une autre pratique, utilisée par de nombreux créatifs au fil des âges :

Faire la sieste

Je suis faciné par la façon dont Isaac Newton faisait la sieste : il s’allongeait sur son sofa et tenait dans sa main - qu’il laissait pendre hors du sofa - une sphère en métal. Juste en-dessous, posé sur le sol, se trouvait un plateau en argent.

Dès qu’il commençait vraiment à somnoler, ses doigts se relâchaient autour de la sphère qui tombait alors sur le plateau en argent,ce qui créait un grand fracas qui le réveillait. Tout ça car il avait remarqué que cet état, juste quand il commençait à piquer du nez, était propice à avoir des idées créatives.

Ce n’est que plusieurs siècles plus tard, avec le développement de la neurologie, qu’on a mis au jour l’existence de différentes ondes cérébrales. Dont notamment les ondes Theta qui sont entre les ondes Alpha (méditation, relaxation légère…) et les ondes Delta (sommeil profond).

Au-delà du fait de participer au repos, faire la sieste nous permet de directemment entrer dans un état de créativité plus élevé.

Attention par contre : La sieste n’est pas une récupération aussi efficace qu’un sommeil profond. Ton cerveau à besoin de longues phases de sommeil, pas seulement des morceaux de 20 minutes par-ci par-là. 🧐 

Quelques liens

Avant d’aller un peu plus loin et d’élaborer sur ces techniques dans le chapitre suivant, je tiens à partager avec toi plusieurs articles que j’ai déjà écrit, que tu as peut-être loupés, mais qui pourrait t’être utiles :

Ce sont des lectures parfois plus périphériques, mais qui sont connecté avec des besoin d’optimiser la relation travail/inspiration/repos.

Appliquer à un nouveau contexte avec souplesse

Alors, je t’ai promis que j’allais élaborer sur ce qu’on à décortiqué dans le chapitre précédent. Donc on y go !

On l’a vu avec le cycle du Flow, pour créer plus facilement, il faut se détendre et se reposer. Mentalement et musculairement. C’est pour ça que dans l’article sur les 5 astuces de détente créative je parle du Yin Yoga.

La détente musculaire est capitale dans plein de disciplines artistiques. Voici ce que le dramaturge à la source du “method acting” a à dire dessus.

Le Yin Yoga est différent du Hata Yoga, la forme de yoga la plus populaire. Plutôt que d’être à la recherche du développpement musculaire et de plus de souplesse (le but du Hata Yoga), le Yin Yoga est un Yoga restauratif qui permet de cibler les tissus profonds avec des poses plus simples qui sont tenues pendant plus longtemps.

Faire 15 minutes de Yin Yoga te permettra d’atteindre un haut niveau de relaxation musculaire. Dans mon cas, en faire 15 minutes tous les deux jours m’apportait BEAUCOUP plus de relaxation que de prendre une douche. Si les tensions musculaires sont un problème que tu rencontre beaucoup, intéresse toi vraiment à cette pratique.

Pour ce qui est de la récupération, ça te paraîtra une évidence, mais je le répète quand même pour ceux du fond : les pires choses que tu puisse faire sont de scroller sur les réseaux sociaux ou enchaîner les épisodes sur Netflix (je suis très coupable de ça… déjà désactiver la lecture automatique de l’épisode suivant - facile à faire dans les réglages - m’a permis de reprendre un peu de contrôle).

Les meilleurs choses ? Marcher. Idéalement dans la nature, idéalement en discutant avec un·e amie (ou un animal de compagnie), mais ce ne sont que des bonus. Juste descendre, faire un tour du pâté de maison au milieu des bruits de klaxons, puis retourner à ton bureau est bien meilleur que de t’accorder 10 minutes sur Tik-Tok avant de te remettre à bosser.

Creusons un peu plus l’ennui et le côté répétitif.

Et ça va être facile car l’ancien président d’honneur d’une asso artistique dont j’ai été le trésorier a fait deux superbes vidéos sur le sujet que je t’invite à regarder :

J’ai pas grand chose à ajouter à son contenu de qualité sinon mon expérience personelle : depuis quelques année, quand je bloque sur un morceau, que je ne sais plus i je dois ajouter ou retirer des trucs, je ne vais plus passer du temps à regarder des tutos ou faire tourner le morceau en boucle jusqu’àn’avoir que ça en tête. Non.

Je lis le dictionnaire.

C’est TRÈS chiant. En général je n’ai pas besoin de lire plus d’une page pour que les bonnes idées arrivent.

On à tous nos techniques. Les techniques de l’un ne seront pas forcément aussi efficaces avec quelqu’un d’autre. Mais voici la mienne ! Je t’encourage à essayer, à me dire si ça t’a aidé, et surtout à être curieux et inventer d’autres techniques pour rapidement t’ennuyer 😄 

Enfin, je vais parler de l’usage que je fais des ondes Theta, de techniques que j’ai essayé, que j’ai du mettre de côté, mais que j’ai hâte de reprendre car elle est diablement efficace !

Tout d’abord la Nap-a-latte ou sieste explosive, un recommandation du Dr. Breus, spécialisé dans le sommeil. C’est une technique vraiment efficace que j’applique assez souvent à 14h. En se réveillant, on a vraiment l’impression d’avoir une deuxième journée devant soi. Je la recommande VIVEMENT.

Pourquoi m’écouter ? Parce que la fatigue est un des symptômes les plus courant de la sclérose en plaques (maladie diagnostiquée chez moi depuis plus de dix ans). Cette technique a clairement permis d’ajouter 3-4 heures d’activité pà chacune de mes journées.La différence est flagrante. Plus de détails dans l’article.

Ensuite, exploiter les premières minutes de la journée pour une petite activité créative : les idées viennent toutes seules. Je ne sais pas pourquoij’ai arrêté de le faire, mais pendant desz mois, tous les jours au réveil je faisait un mélange de l’exercice du citron (shout-out Claude Lemesle) et de Songriting Thérapeutique (shout-out Felicity Baker.

C’est à dire que, dès le réveil je prenais deux mots qui me trottaient en tête. Souvent des mots qui m’avaient préoccupés durant la nuit et qui faisait référence à des choses sur lesquelles je devais réfléchir. Puis je cherchais des riumes pour chacun de ces deux mots. Et je finissaispar écrire un quatrain.

Ça n’apas besoin d’être pour faire ça exactement, mais pendant ces quelques minutes où tu as encore la tête dansle pâtée, ton cerveau est câblé pour créer. Alors à moins d’un mal au crâne dès lematin, autant en profiter !

Finalement, je vais partager une petite vidéo en anglais qui m’a permis de découvrir une pratique super efficace.

J’étais exactement dans la situation qu’il décrivait. Une petite routine du matin qui dure des heures mais pas tellement d’activité.

C’est essentielde prendre soin de soi, mais le meilleur moment pour faire çà n’est pas dès le matin, quand tu t’es déjà reposé 7-9 heures. Maintenant je fais toujours Yoga, méditation, journaling, etc… mais plus dispersé au fil de la journée. Une méditation vers midi par exemple, du journaling vers 21h, du sport vers 15h…

Et le matin ? J’écris ma Newsletter par exemple ! Il est 11h30 à l’heure où j’écris ces lignes et je vais m’arrêter avant de me relire, corriger et écrire la conclusion demain matin.

Quelques mots pour finir

Des questions comme “comment avoir plus de visibilité sur les réseaux sociaux ?”, “comment faire venir plus de gens à mes concerts ?”, “comment gagner plus d’argent avec ma musique ?” (et des dizaines d’autres) sont des questions essentielles et qui ont à voir avec la développement de l’artiste dans le contexte actuel.

Bien que ce soient des questions importantes elles sont assez récentes et superficielles. Tandis que la question de l’interaction entre l’inspiration, le travail créatif et le repos a intéressé les artistes depuis que les artistes existent.

Il n’y a pas de réponse toutes prêtes qui collent aux besoin, aux ressources et aux contraintes de tous et toutes. Mais il y a eu des progrès, récents, dans le domaine des sciences, qui permettent de donner des éléments de réponse nouveaux à cette question ancienne.

J’éspère que cet article t’auras fait faire des découvertes sympas, t’auras donné envie de mettre en pratique de nouvelles choses, et te permettra de plus prendre de plaisir à créer tout en prenant soin de toi.

Si tu as envie de partager ta propre expérience, ce qui marche bien pour toi, ce serait avec grand plaisir. Je partagerais l’info aux autres lecteurices de cette newsletter (en te mentionnant, évidemment !).

J’ai moi-même d’autres choses à partager sur ce sujet que je trouve passionnant !

Quels conseils donnerais-tu à d'autres artistes qui cherchent à trouver un équilibre sain entre leur engagement créatif et leur bien-être mental ?

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