Réussis ta Biograpie

#22 - Un p***** de challenge !

Après ce mail, tu sauras comment écrire une bonne bio.

Pogrammateurices, médias, labels, public,… Tout le monde la demande !

Mais tu trouves ça très dur de parler de toi-même avec les mots des autres.

Plus c’est long, moins c’est bon !

Tu cherches à développer ta carrière musicale, mais tu as l’impression qu’il y a un mur infranchissable pour atteindre les pros (et le public) : la biographie 😨 

Mon objectif avec cet article, c’est de partager des astuces pour que tu voies la bio comme un allié qui t’aidera dans ta mission, plutôt que comme un adversaire qui t’empêche d’atteindre ton objectif !

Avant de plonger, si tu es curieux de pourquoi c’est si difficile, j’ai écrit un article sur la relation compliquée entre le langage et la musique.

Voici le programme de ce mail :

  • Les 7 préjugés capitaux (sur la bio)

  • Les ingrédients essentiels

  • Pour aller plus loin

Les 7 préjugés capitaux

Pour bien commencer, on va s’intéresser aux 7 préjugés que tu as - peut-être - à propos des biographies d’artistes. Ce sont des préjugés courant qui sont responsables de beaucoup de frustration.

Préjugé 1 : “ça sera vite fait”

Ça prendra du temps. Écrire prend du temps. Jouer avec l’ordre et le choix des mots te permet de rendre ton message plus ou moins simple à lire, de créer différentes réactions émotionnelles, de t’adresser à différents types de publics,…

Écrire ce mail m’a par exemple pris une quinzaine d’heures. Des heures à réfléchir à l’ordre des mots, aux métaphores, à la structure,… Tout ça pour que tu puisses le lire en quelques minutes !

Tu connais bien le sentiment avec tes morceaux, on peut carrément parler de centaines d’heures de travail pour souvent seulement quelques minutes d’écoute.

La bonne nouvelle ? Tu n’as pas à écrire douze bio quand tu sors douze titres.

2e bonne nouvelle ? Maintenant, que tu sais que ça va te prendre un peu de temps, plus besoin de te mettre la pression pour faire ça rapidement !

Préjugé 2 : “je dois écrire un truc hyper mainstream”

C’est bien d’avoir en tête que ta bio va te servir à trouver de nouveaux auditeurs et de nouveaux horizons de développement pour ton projet.

C’est top de vouloir rendre ta musique accessible en utilisant des mots et exemples qui parlent à beaucoup de monde.

Mais vouloir plaire à tout le monde ne va pas t’aider ! Être accessible ne veut pas dire maquiller ton identité, ni cacher ce qui te rend différent.

Ce qui est différent déplaira à certaines personnes.

Peut-être même que ça déplaira à la majorité…

Au début !

Si tu veux creuser le sujet, lire des exemples... Il y a plein d’autres raisons pour lesquelles il ne faut pas plaire à tout le monde.

Préjugé 3 : “bon bah, je dois écrire un truc hyper niche alors !”

C’est courant qu’un musicien pense ça : tu veux être très technique pour avoir l’air crédible auprès d’autres artistes. La réalité, c’est que le même message ne va pas résonner de la même manière pour tout le monde.

Parler de la “complexité de tes arrangements” va te couper d’un certain public (de certains progs, de certains médias…) qui pensera -peut-être à tort- que ta musique est inspirée de l’IDM, du prog ou du jazz. Alors que non.

C’est bien que tu occupes une niche, que tu affirmes ta différence, mais il faut garder en tête que ce qui est évident pour toi l’est souvent seulement pour toi.

Et surtout, gardes en tête que les autres artistes (qui connaissent ce que tu fais, avec qui te passe beaucoup de temps, qui te filent des conseils dont tu es reconnaissant,…) ne sont pas la cible de ta bio :

C’est un document qui s’adresse en priorité aux curieux qui n’ont encore jamais écouté ta musique. Pour une com’ efficace, commence toujours par te demander à qui tu t’adresses.

Je sais. C’est dur… Voyons si je peux t’aider avec quelques conseils !

Préjugé 4 : “Ça me saoule ! De toute façon y’ a pas de règles !!!!”

Ça dépend ce que tu entends par règles.

Si tu entends une obligation légale, alors non.

Contrairement à ce que les marchands de rêves écrivent, il n’y a pas une liste de choses que tu doives faire à tout prix pour réussir dans la musique…

C’est même une bonne habitude de briser les règles et surprendre les gens. C’est une des caractéristiques des personnes créatives.

Par exemple, on a longtemps cru que c’était essentiel de montrer son visage pour réussir, puis il y a eu les Daft Punk. Voilà.

Mais…

Tu commences à me connaître, je vais sortir une analogie de mon chapeau :

C’est possible de tracer un trait droit parfait à main levée si tu es doué·e pour ça, mais si tu utilises une règle, tu seras certain·e du résultat.

Si tu vois une règle comme un outil qui rend une activité plus simple alors il existe - heureusement - quelques règles pour rédiger une bonne bio sans y passer une éternité. RDV un peu plus bas 😉 

Préjugé 5 : “Pfff…ils ont qu’à écouter ma musique ! “

Normalement, à ce stade, tu commences vraiment à en avoir ras-le-bol et tu te dis “m*rde-je-vais-pas-écrire-de-bio-finalement-parce-que-juste-ma-musique-va-suffire-pour-me-présenter”.

Dans l‘absolu, tu as raison.

Le souci, c’est que les gens ont de moins en moins de temps, que tout le monde rivalise d’inventivité pour attirer l’attention des autres et que le texte est beaucoup plus rapide à consommer que la musique. D’où l’intérêt de la bio.

On est absolument d’accord que c’est impossible de communiquer avec des mots ce qu’on peut communiquer avec sa musique. (Hop ! je remets ce lien)

Dans un monde idéal, on pourrait faire sans, mais… il y’a un paquet d’autres domaines où le monde marche sur la tête ! Tu pensais être épargné·e ?

Préjugé 6 : “ça doit être le même texte pour tous les publics et pour toute ma carrière…. trop dur !” 🤯 

Ce n’est pas le préjugé le plus courant. Mais il y a quelques années, j’aimais beaucoup me faire des nœuds au cerveau en tant qu’artiste. Juste pour m’auto-saboter en fait. Donc je me dis que c’est peut-être aussi ton cas.

Tu te dis que si Rock&Folk veut écrire sur ton groupe, il faut qu’ils sachent que vous avez commencé au lycée, mais en même temps, tu te dis que le programmateur de la SMAC du coin aura pas la place de mettre ça dans son encart de deux lignes. Tu hésites !

Sauf que tu n’es pas obligé d’utiliser le même texte partout - même si c’est bien que quelques formules soient répétées à plusieurs endroits (branding = émotion x répétition).

C’est même très courant dans l’industrie d’avoir des bio de longueur différentes (au moins une version courte et une version longue pour quand on te la demande) et même des versions ultra-courtes à mettre sur les RS.

C’est aussi très courant de mettre à jour ta bio pour les nouvelles sorties d’album.

Par exemple l’équipe de Tôt ou Tard a aimé ma courte critique du White Pixel Ape et s’est servi pour le shop en ligne, le catalogue Leclerc, et… la màj de la bio !

Préjugé 7 : “je dois tout faire tout seul 😭

Et surtout, je te conseille de déléguer cette tâche.

Ça aurait pu être le préjugé numéro 1. C’est sûrement le plus important. Mais j’avais envie que tu vois tous les pièges à éviter avant de balancer ça.

Au-delà de la question du gain de temps, du fait que tu as ou non les compétences, c’est toujours un exercice super délicat de parler de soi-même.

Donne donc les ingrédients essentiels à un·e ami·e, et demande-lui d’écrire une bio à propos de toi en se servant de ces ingrédients essentiels. Il y a des chances pour que le résultat soit meilleur et que ce soit assez rapide et simple faire pour quelqu’un d’autre. Surtout si tu lui as mâché le travail.

Bonus si tu fais ça avec un autre artiste, car chacun pourra faire le même taf avec le bio de l’autre. Win-Win !

Ça ne veut pas dire que tu dois laisser le dernier mot à quelqu’un d’autre, ça reste quand même ta bio. Mais faire ça en isolation est la meilleure façon de :

  1. Passer un très mauvais moment

  2. Écrire une mauvaise bio

Les ingrédients essentiels

“Ok… j’ai compris ce qu’il ne fallait PAS faire, mais qu’est-ce qu’il FAUT faire ?”

La structure

Une bonne bio est un mélange de quelque chose d’inattendu et de codifié.

Pour facilement y arriver, tu peux utiliser cette structure :

  • L’accroche / l’actualité du projet

  • Les messages essentiels

  • La chute / l’ouverture

C’est la trame typique enseignée dans les écoles de journalisme.

Bonus : Si tu y arrives, l’accroche et la chute sont des bons endroits où mettre en avant ta fréquence émotionnelle.


Plus c’est long, moins c’est bon

C’est un commandement primordial pour guider l’écriture d’une bio par quelqu’un qui n’est pas un pro de l’écriture !

Fais la chasse aux évidences, aux expressions que tu lis partout, aux choses trop immodestes. Grâce à ça, ton lecteur lira directement l’essentiel, pas un message que tu auras dilué. Moins créatif et moins audacieux. Va…

J’ai pas regardé de foot depuis mille ans mais… c’est un slogan qui peut guider ton écriture. Même celle des fans du PSG ^^

Quelques exemples (courants) tirés d’une bio que je suis en train de lire :

  • “membre éminent de…” : à la rigueur membre fondateur, mais dire que quelqu’un est “éminent” est subjectif. Préférer quelque chose d’objectif pour que le lecteur se dise tout seul “waow, il·elle occupe une place importante”

  • “font de lui une figure clé de la scène…” : même remarque. Soit il y a des choses objectives pour que le lecteur se dise “c’est une figure clé”, soit il n’y en a pas. S’il n’y en a pas, écrire ça aura un impact négatif sur ton image. Citer ce qu’un journaliste/artiste de renom à écrit sur toi est par contre une superbe façon d’intégrer l’info objectivement 😉 

  • “En tant que producteur passionné…” : autre problème ici : c’est évident qu’un musicien est surtout animé par la passion. Si c’est évident, le seul effet que ça a, c’est de rendre le texte plus long et de diluer ce qui est utile. Tu vas ennuyer le lecteur avec tes évidences.

Mais il y a aussi de très bonnes choses dans cette bio, par exemple…

Le live

Le Live est la partie de ta bio où le « name dropping » est encouragé : lieux où tu as joué, groupes ou artistes avec lesquels tu as partagé la scène,… tous ces éléments montreront ton professionnalisme et rassureront un·e programmateurice ou auditeurice potentiel·le,…

Ça fait partie de ce qu’on appelle la preuve sociale.

Tu ne fais pas de Live ? C’est exactement la même remarque qui concerne l’édition. Si un ou plusieurs morceaux ont été placés dans un film, si tu as travaillé sur l’OST d’un jeu vidéo,… il faut mettre ça en avant ! 😃 

Et il y a d’autre parties de cette bio qui sont perfectibles, par exemple…

Le Style

Comme avec l’alcool, les mélanges sont risqués. Pour de l’électro-rock, est-ce qu’on demande à l’auditeur d’imaginer un compromis entre Kraftwerk et Les Rolling Stones, entre David Guetta et Oasis, ou entre les Daft Punk et Franz Ferdinand ? Pas évident.

Je te recommande de te rabattre sur un style auquel tu accoleras un adjectif qui donnera des précisions sur le son du groupe tout en étant original.

On retrouve par exemple l’expression « rock mutant » dans la biographie de Shaka Ponk : un couple style-adjectif qui correspond bien à leur esthétique visuelle comme musicale et qui attire la curiosité.

Messages essentiels

Tu mettras les pros et le public dans de meilleures dispositions si tu donnes un accès facile aux informations dont ils ont besoin (style, discographie, concerts,…) plutôt que si tu les noies dans des clichés ou dans des anecdotes. Écrire, c’est choisir : ne gardes que ce qui est indispensable.

Ceux qui me connaissent depuis des années auront peut-être vu que j’ai pompé le fond et plusieurs phrases de l’article que j’avais écrit pour infomusiciens.org à l’époque où je travaillais au Combo 95.

Pour aller plus loin

“C’est bien gentil Ludo, mais tout ça, je connais… Te vexes pas mais, t’as pas des conseils un peu mieux ? 😁

J’y viens ! Ce ne sont pas forcément des choses essentielles, mais ne pas les utiliser, c’est passer à côté d’une opportunité.

Le nom

Ne l’explique pas, ne le justifie pas, mais amuse-toi avec. Car c’est la première chose qui va générer des attentes dans la tête du futur auditeur·rice. C’est probablement le premier mot du mail ou du post qui l’a amené à lire ta bio. En parler, c’est saisir l’opportunité d’exploiter la curiosité que tu as suscité chez une personne qui se demande « pourquoi ce nom ? ».

Les influences

Pour éviter le même problème qu’avec le style, plutôt que de donner un avant-goût de ta musique en superposant des étiquettes, il vaut mieux évoquer des influences.

C’est plus facile d’imaginer « le flow d’Orelsan sur une instru à la New Order » que de se faire une idée de comment sonne ton « Rap New-Wave francophone»…

⚠️ Fais attention au « Name dropping » pour épater la galerie. Choisis juste quelques références qui dépeignent ta musique honnêtement et tiens-toi à l’écart des « monuments » aux identités musicales multiples (Beatles, Pink Floyd,…). Alterne des références « mainstream » qui parleront à un public large et les références « niches » qui montrent ta maîtrise de ta scène.

L’astuce de la boussole

Un de mes post Threads qui a le plus résonné est une astuce… qui ne vient pas de moi !

Avant de l’expliquer, j’attire ton attention sur Geoffrey Sébille, car c’est de lui que vient l’idée. Je l’avais fait intervenir lors d’une rencontre sur la rédaction de biographie à FGO Barbara !

Mon post qui explique l’idée :

Je t’invite à tester cette technique pour te positionner ! J’ai eu plusieurs retours d’artistes qui ont répondu avec leur propre boussole. Ce qui ma donné envie d’écouter le résultat de leurs divers cocktails !

Alors ? Curieux·se de comment ça sonne ?

Envoie-moi aussi ta boussole 😉 

Méthode

La qualité vient de la quantité. Par exemple, Leonard Cohen a mis 5 ans à écrire 150 couplets pour Hallelujah, puis a sélectionné les meilleurs d’entre eux (l’histoire de ce morceau est folle !).

Donc écris beaucoup, trop, laisse-toi emporter, puis… deviens impitoyable. Commence par ajouter des choses puis enchaîne une phase où tu supprimes ce qui est superflu.

Sépare ces deux états d’esprit et accorde du temps à chacun. Car créer et évaluer sont deux processus mentaux très différents auxquels il faut laisser le temps de s’exprimer.

Conclusion

Si tu dois ne garder qu’une chose de cet article, alors gardes

Plus c’est long, moins c’est bon

Est-ce que rajouter un couplet avec des paroles un peu plates, un mix bancal ou un flow hasardeux va rendre ton morceau mieux parce qu’il sera plus long ?

Bien sûr que non ! Ce n’est pas la durée du morceau qui fait sa qualité.

Pourquoi ce serait différent avec ta bio ?

J’espère que ces quelques conseils t’aideront à trouver un peu de sérénité.

Je te dis à la semaine prochaine, et en attendant…

Prends soin de toi !

Ludo

La semaine dernière 59 musicien·nes ont vu comment le marchetinge pourrait les sauver des réseaux sociaux. :

  • les RS : adversaire ou alliés ?

  • il faut que tu aille à contre-courant

  • ne pas faire comme les influenceurs

  • vois ce que le marchetinge peut faire pour toi

PS : Plus de 2’600 mots, la vache ! 😅 

Reply

or to participate.