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Article réservé aux passioné·es
#26 - On ne choisit pas d'être musicien·ne
À la fin de ce mail, tu sauras comment aller encore mieux, dans ta vie personnelle et dans ta professionnelle, grâce à ta passion.
Ça te sera utile de prendre un peu de recul dessus : connaître les côtés négatifs et la tonne de côté positifs te permettra de mieux comprendre l’origine de tes challenges pour les surmonter plus facilement !
La plupart des artistes négligent l’importance de cette plongée à la source de leur motivation trop longtemps, et finissent désabusés. Parfois carrément avec l’impression d’être passé à côté de leur vie.
Pourtant, ta passion cache des super-pouvoirs !
La question la plus bête du monde
Les autres ne peuvent pas te comprendre, ni t’aider
Et même si… est-ce qu'ils voudraient ?
Ce truc te donne des ailes
Est-ce que tu voudrais que ce soit différent ?
La question la plus bête du monde :
"Pourquoi VEUX-TU être musicien ?"
Il ya tellement de choses que l'on VEUX.
Jouer à l'Olympia. À Bercy. À l'international.
Loolapalooza. Sziget. Le Burning Man.
Enregistrer à Abbey Road un morceau tellement parfait qu'il finit dans un Disney. Sur tous les dancefloors. Toutes les radios.
Pourquoi pas.
Ça serait bien.
Mais est-ce que ça te fait VIBRER ?
On est pas artiste seulemment à cause de ce que l’on VEUT.
C'est plus quelque chose que l'on DOIT faire.
Je t'invite à te pencher sur l'étymologie de “passion” :
Passion vient du latin passio et du radical pati : action de supporter, souffrance, maladie, indisposition, affection, perturbation morale, accident, passivité, incident.
Il a dès l'origine un côté passif à la passion. Une souffrance.
C'est quelque chose qui nous tombe dessus.
Bon, j'ai bien regardé mais malgré ça, ce n’est pas possible de gratter une pension d’invalidité auprès de la sécu quand on est passionné ^^
Les autres ne peuvent pas te comprendre, ni t’aider
Si on voulait juste devenir célèbre, riche, être désiré,… il existe plein d’autres activités et professions qui permettent d’y arriver plus facilement que la musique.
Ça n’a pas de sens d’être musicien pour une autre raison que “j’aime faire de la musique”. Et dès qu'on aime assez faire de la musique on va y consacrer la majorité de son temps.
Le plus cruel là-dedans c’est que c’est évident pour les autres qu'on est atteint par quelque chose qu’on a pas choisi.
Pourquoi ils ne nous aident pas ?
Ils ne comprennent pas
Ils ne peuvent pas
Mais surtout…
Ils ne comprennent pas
Plutôt que de nous aider, sans le vouloir tes proches t’embrouilent : ils ne comprennent pas l’intensité de ton amour pour la musique, parce que celui-ci est moins fort chez eux.
Alors ils te posent des questions par curiosité. En essayant de comprendre. En essayant de raccrocher ça à ce qu’ils connaissent.
“Est-ce que tu fais ça pour devenir célèbre ? Riche ? “
Iels essaient de comprendre. Mais c’est impossible pour quelqu’un qui n’a pas lui-même été passionné. Au point de ne pas avoir le choix. Possible mais pas courant.
Faire de la musique n’est pas une motivation qui existe aussi fortement chez eux que chez toi. Souvent, ils ne comprendront pas.
Ils ne peuvent pas
C'est impossible de forcer les gens à changer d'avis. Et tant mieux.
On peut seulement changer les conditions qui les entourent et qui les amènent à prendre telle décision. Leur environnement.
L'individu évolue dans un environnement qui n'est qu'en parti “subi” : la famille, les lois, les traditions,… Iel appartient aussi à un environnement “choisi”.

Même si on est loin d'un idéal et qu'il faut rendre les règles du jeu moins opaques qu’actuellement, la société occidentale moderne permet de se construire un environnement de plus en plus favorable à ce que les gens poursuivent leur passion pour la musique :
les progrès technologiques (en terme de facilité à produire et à distribuer de la musique,..)
Bien plus de facilité à se rencontrer et à se soutenir entre créatifs
Il y a carrément des pro de l’accompagnement qui proposent maintenant de coacher les artistes en développement
3. Mais surtout…
Est-ce qu'ils voudraient ?
Au delà du fait que tes proches ont du mal à comprendre les origines de ta passion.
Au delà du fait qu'ils ne peuvent pas “t'aider” à t’en séparer.
Il y a de quoi être jaloux des super-pouvoirs que donne la passion.
Le radical latin ne considère qu’un des versants de ce qui nous passionne. Mais il n’y a pas que du négatif dans la passion. Au contraire !
Comme plusieurs autres aspects de la personnalité des artistes (comme leur sensibilité), la passion est une épée à double-tranchant.
Il y a tellement de choses positives à tirer d'une passion qu'on a pas envie d'enlever ça à quelqu'un à qui on tient.
C'est tellement fort.
C'est pas la question qu'iels ne peuvent pas, parfois tes proches ne veulent tout simplement pas te retirer tes super-pouvoirs.
Et ils ont bien raison car…
Ce truc te donne des ailes !
Un peu de littérature scientifique, pour te rassurer sur le fait que c'est du très sérieux 🧐
D'abord, j'attire ton attention sur le Flow. Un des concept de mon chouchou, Mihaly Csikszentmihalyi, un chercheur en psychologie.
On peut extraire de ses recherches (et celles de Nakamura) 9 critères qui caractérisent l'état de Flow.
Parmi eux certains sont de vrais super-pouvoirs.
un niveau de concentration surélevé : pour rappel, beaucoup de gens regardent près d’une centaine de “shorts” en une heure sur tik-tok, alors que toi tu va garder ton attention fixée sur la création d’un seul morceau pendant parfois plus d’une centaine d’heure ! 🤯
une perception du temps altérée : combien de fois t’es-tu rendu compte qu’il était 3h, que tu avais fait de super progrès sur ton morceau, mais pas sur ta résolution de te coucher tôt cette année ?
pas de sentiment d’efforts : tu es lessivé·e à la fin, mais tu n’y pense pas quand tu es sur ton piano, pas pendant l’action. Tu te rends compte de l’effort que tu as fourni seulement après.
l'immédiateté du retour sur investissement : j’utilise volontairement un langage très buisness parce qu’on oublies souvent la chance qu’on a en tant qu’artiste par rappport à ceux qui font d’autre jobs. Dès que tu trouve le motif de charley qu’il fallait pour ton morceau un sentiment de joie t’innondes… Puis tu trouves un autre truc à améliorer !
Alors que la plupart du temps les dirigeants en entreprise vont mettre en place un nouveau process pour découvrir seulement trois mois plus tard que ça à effectivement eu un impact sur le CA et ressentir un peu de fierté pour leur décison.
C’est ce que Csikszentmihalyi appelle une activité autotélique (du grec : “son propre but”) : la faire est source de plaisir.
Simplement la faire.
Suspension des besoins biologiques : Combien de fois es-tu resté·e avec une clope au bec, éteinte pendant des dizaines de minutes, parce que tu étais absorbé par le riff que tu mettais au point ? Pendant des dizaines de mnutes, ton cerveau a mis en pause ce que sinon il considère comme un besoin essentiel.
Oui, la musique à un pouvoir de persuasion sur le cerveau plus fort que celui de la nicotine ! Balèze, non ? Autant apprendre à se servir d’un pouvoir aussi puissant.
Celui qui se perd dans sa passion perd moins que celui qui perd sa passion
C’est important d’avoir une vue d’ensemble sur la passion.
C’est vrai qu’il y’a un côté passif. C’est la passion qui nous choisit et pas l’inverse. On tombe amoureux de la musique.
Mais quand on voit les super-pouvoirs que ça débloque chez nous…! On se dit que ça en vaut bien la peine, non ?
(Et même pas besoin de se faire mordre par une araignée radioactive ^^)
C’est important
d’avoir conscience que ces super-pouvoir existent
d’avoir conscience que le Flow est un spectre (on est parfois un peu plus ou un peu moins dans le Flow, ce n’est pas on/off)
de prendre conscience de quand ces super-pouvoir se déclenchent, pour pouvoir les maîtriser et les utiliser
d’accepter que même si le Flow est un état qu’on peut décrire scientifiquement ça ne veut pas dire que c’est mécanique : même si on a l’impression d’avoir réunis toutes les conditons ça ne marchera pas à tous les coups.
et c’est surtout important d’avoir conscience de ce qui peut empêcher d’entrer dans l’état de Flow. Ce qui m’amène à parler du cycle du Flow car je soupçonne que beaucoup de musicien·nes ne font pas attetntion à la quatrième étape !
La recherche dans ce domaine (surtout effectuée au sein du “Flow Research Collective” de Steven Kotler) a permis de rentrer encore plus en détail dans le Flow et de découvrir qu’il marchait en 4 phases :
1) La lutte : tu ne sais plus où donner de la tête. La situation dépasse ta capacité actuelle à la gérer. Le cerveau émet des ondes bêta et le corps produit du cortisol et de l'adrénaline. Tu peux ressentir de l'anxiété et du stress.
2) Le relâchement : se produit lorsque tu te détâche de la situation. Que tu perçois la difficulté sous l’angle du jeu. Quand tu lâche-prise et devient plus un observateur de la situation. Ton cerveau passe aux ondes alpha et l'oxyde nitrique chasse les substances chimiques du stress.
3) La phase du Flow : le cerveau fonctionne en ondes thêta et gamma. Les ondes thêta correspondent à l'état de méditation où l'on acquiert de nouvelles connaissances et où l'on traite rapidement de nouvelles données. Les ondes gamma permettent aux différentes parties du cerveau de se combiner, de sorte que des pensées disparates peuvent créer un nouveau modèle de conscience. Le cerveau produit des substances neurochimiques, la dopamine, l'anandamide et la norépinéphrine. La dopamine suscite l'excitation et la curiosité d'explorer. Elle augmente la reconnaissance des formes, le déclenchement des muscles et la synchronisation. La noradrénaline accélère le rythme cardiaque, accroît l'attention et permet de se concentrer sur une seule activité. Les endorphines soulagent la douleur et induisent le plaisir. L'anandamide élève l'humeur jusqu'à la félicité, inhibe la peur et l'efface de la mémoire.
L’état de Flow correspond à une hypofrontalité (désactivaton du cortex préfrontal). Moins de prise de décision complexes, de plannification à long terme, de volonnté, de capacité à séparer passé, présent et futur, et moins de conscience du moi. Une hypofrontalité qui serait préoccupante si elle n’était pas transitoire (le Flow dure quelques heures, puis on se recharge).
Une hypofrontalité chronique (qui dure pendant des jours) est par exemple commune dans les cas d’addiction et de schizophrénie.
4) La phase de récupération : elle est critique car l’état de Flow consomme beaucoup d’énergie. Elle se produit surtout pendant le sommeil, c’est là que l'expérience peut être intégrée et où un véritable apprentissage a lieu. La nouvelle expérience devient la nouvelle normalité. Le cerveau ralentit jusqu'aux ondes delta. La sérotonine est libérée pour calmer le système. Un sentiment d'attachement et d'acceptation apparaît.
De la même manière que le repos est essentiel pour que les muscles fragilisés lors d’une séance de musculation se développent, il est essentiel d’accorder un temps de repos au corps et au cerveau pour qu’il internalise et solidifie ce que tu as découvert et appris pendant le temps de création.
Déjà un bon paquet de super-pouvoir, mais j’ai gardé le meilleur pour la fin :
Est-ce que tu voudrais que ce soit différent ?
Le meilleur super-pouvoir que ça te donne à mon sens, c’est que la passion te rends anti-fragile.
L'antifragilité est une propriété des systèmes qui se renforcent lorsqu'ils sont exposés à des facteurs de stress, des chocs, de la volatilité, du bruit, des erreurs, des fautes, des attaques, ou des échecs.
Le concept d’anti-fragilité fut introduit par Nassim Nicolas Taleb dans son livre du même nom. À ne pas confondre avec la solidité (après un choc, l’objet reste le même) ni la fragilité (l’objet est détruit par un choc trop important).
Au XXI siècle, être artiste ça veut dire rencontrer beaucoup d’obstacles et de challenges - que ce soit dans sa pratique musicale ou dans ses interactions avec le reste du monde (le public, les pros, l’entourage,…).
C’est essentiel de retourner aux racines de sa passion, après avoir rencontré trop d’obstacles, pour pouvoir continuer à avancer. De se ressourcer dans “pourquoi je fais ce que je fais”.
Là, on se rend compte que la passion nous aider à réagir comme une balle-rebondissante (parfait exemple d’une chose anti-fragile qui gagne de l’énergie avec chaque chocs).
C’est grâce à cette anti-fragilité que les obstacles peuvent donner à l’artite un peps supplémentaire pour trouver une solution.
Effectivement dans la passion se trouve comme quelque chose qui nous pousse. Qui nous aide à nous relever quand on trébuche.
Qui nous apprend à utiliser toutes les oppositions, tous les obstacles, tous les doutes, toutes les critiques, comme un carburant qui alimente notre détermination.
Ça me fait penser à la phrase qu’avait partagé Alex de HOORSEES pendant une session : “j’observe que l’adversité nous aide à nous définir et à progresser” (citation approximative).
Avant de tempérer un peu mon propos, je voudrais partager une citation de NIetzsche que j’ai découvert dans le superbe livre Man’s search for Meaning de Victor Frankl (prof de neurologie et de psychiatrie en Autriche).
Victor Frankl y décrit son expérience du camp de concentration d’Auschwitz pendant la Seconde Guerre mondiale. En deuxième partie, il présente sa méthode psychothérapique dite de logothérapie. Selon lui, la longévité d'un prisonnier est directement affectée par la manière dont il imagine son futur.
Et voici la magnifique, mais terrible, citation :
Celui qui a une raison de vivre peut supporter presque tous les maux.
Je pense que tu saisis maintenant mieux pourquoi je passe du temps à parler de ta passion, de ta motivation. Mais, il faut tempérer !
Évidemment, il ne faut pas abuser non plus de cette antifragilité. Les gens ne sont pas des punching ball ambulants. C’est important d’être équilibré.
L’artiste n’est anti-fragile que jusqu’à un certain stade.
C’est la difficulté du format newsletter. Je dois écrire un texte qui te sera utile. Mais aussi à toi, puis à lui, et elle qui vient de s’inscrire,… Tu vois ce que je veux dire !?
Certain·es on rencontré trop d’adversité d’affilée, n’ont pas pu récupérer suffisamment, ce qui les a conduit en zone rouge. Ce qui oblige à prendre soin de soi pendant de longs mois, car c’est long de récupérer d’un burnout.
Un problème de notre société moderne c’est que l’état du burnout est devenu la norme, pas du tout une exception. Selon une étude du cabinet Deloitte, 77% des gens - tous métiers confondus - feront un burnout au cours de leur vie.
C’est ahurissant car après avoir traversé un burnout, il faudra de long mois avant que l’on puisse à nouveau profiter des miracles de productivité permis par l’état de Flow.
Et le burnout arrive souvent suite à une recherche déraisonnable et court-termiste de productivité. Ce que la société à tendance à nous pousser à poursuivre. Bref, le serpent se mord la queue…
Et… je te propose de s’arrêter là avant d’ouvrir le chapitre de la périlleuse survie de l’artiste dans notre société moderne. Un chapitre passionnant mais sur lequel j’aurais peur de faire trop de phiosophie de comptoir, de manquer de connaissance et surtout, de manquer de recul !
Conclusion
J’éspère que cette plongée dans la passion, dans son côté à double-tranchant, t’auras fait du bien. Je pense que c’est très bénéfique pour l’équilibre mental de tout artiste de garder cette dualité à l’esprit : “j’ai choisi d'embrasser ma passion - avec ses côtés sombres, et toute sa complexité, car l’activité en elle-même est plaisante !”
Quand on a bien conscience de cette réalité (des + et des -, du besoin de repos, des superpouvirs,…), ça permet de mieux se comprendre, de rendre plus évidentes à nos propres yeux nos motivations. De remettre une raison derrière une action que l’on faisait machinalement.
Je trouve ça top de se souvenir qu’on a choisi d’être musicien car notre définition du succès, notre source de plaisir, c’est faire de la musique.
Quand on reprend conscience de ça, on réalise que notre vie est une réussite. Un succès quasi-permanent !
Pour finir, deux petits appartés un peu méta avant de te laisser :
L’utilité d’écrire une newsletter c’est que les idées viennent d’elles-mêmes au cours de l’écriture. Parfois on pense à un truc intéressant, on écrit dessus, puis quand on se relit on se rend compte que c’est chouette mais qu’on s’écarte trop du sujet initial. Donc on l’écarte et on le garde pour un autre article.
Passion : ça serait bien que j’écrive un article là dessus. Parce qu’en y pensant le côté double-tranchant de la passion pur la musique n’a pas été une évidence pour moi pendant longtemps, c’est pourtant très utile pour le mental d’en prendre conscience.
Ce qui a donné l’article d’aujourd’hui !
Deuxième apparté : je n’ai pas utilisé mon template classique (dont je parlais dans le précédent article) mais un autre que j’aime beaucoup, le PAIPS !
Ah ! Mon challenge ? Des hauts et des bas mais j’en suis à 11 morceaux sortis.
Donc plutôt content 🙂 Le dernier :
Est-ce que cet article a résonné avec ton expérience ?
As-tu une anecdote à partager ? Please ?! 😁
La semaine dernière, 67 musicien·nes ont appris à combiner efficacité et personnalité en maîtrisant le pouvoir des templates :
Avais-tu remarqué ?
Tout le monde les utilisent, qu’iel s’en rende compte ou non
Un contexte très différent : les tempates de cette newsletter
Exemple d’application en musique
Sur ce, je te dis à la semaine prochaine et surtout…
Prends soin de toi !
Ludo
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