Plus tu es créatif·ve, plus tu as ce problème

#20 - L'ennemi intérieur ultime ?

Je vais t’aider à avancer malgré ton perfectionnisme.

Ça te concerne car c’est un frein hyper-fréquent chez les personnnes créatives.

La plupart des gens échouent devant un adversaire si puissant car ils ont la mauvaise perspective dessus.

“À chaque fois que j’ai envie de poster, je me retiens parce que j’ai peur que ce ne soit pas aussi bon que ma dernière vidéo.”

  • Tu te prépares à affronter le regard des autres…

  • …tu y arrives et te dis que c’est dans la poche…

  • …avant de rencontrer un monstre intérieur encore plus costaud…

  • …qui te fait mordre la poussière…

  • …jusqu’à ce que ta perspective évolue.


L’héros·ïne c’est toi. Et ta quête c’est de partager ton travail avec le monde.

Mais problème : le perfectionnisme est là !

C’est l’adversaire qui te fait douter de la qualité de ton travail. Il est particulièrement efficace car c’est un adversaire intérieur !

En mobilisant mon expérience de musicien, de coach, mais aussi diverses lectures, je serais ton allié face à cet adversaire coriace !

RQ : comme à mon habitude, j’oscille entre des articles axés music business pour musicien·nes indépendant·es·, et d’autres sur la santé mentale des musicien·nes. Cet article correspond à la deuxième catégorie.

 

Tu te prépares à affronter le monstre

Tu t’es probablement reconnu·e dans la citation que j’ai partagé en intro.

Il s’agit mot pour mot des paroles d’une personne que je coach. C’est quelque chose qui revient dans la plupart de mes accompagnements. Qui revient dans les questionnaire que je fais circuler auprès des artistes. Quelque chose dont j’ai encore parlé pendant une session mercredi,…

La tendance au perfectionnisme fait partie de la personnaité du créatif depuis… la nuit des temps.

Pour la petite anecdote, Léonard de Vinci a lui-même détruit une grande partie de ses oeuvre ou les a laissé inachevées. Par exemple, il ne considérait pas Le dernier repas comme un oeuvre achevée car il n’avait pas réussi à rendre compte de la divinité du visage du Christ avec sa peinture, selon lui.

Anecdote tirée de ce livre. Une chouette lecture 😋 

Dans mon questionnaire, une ancienne cliente partage sa frustration : “les choses ne seront jamais assez bien faites”. Un peu plus loin elle explique :

“Je suis seule à juger si mon travail est suffisant. Et il ne l’est jamais.

Conscient de ce monstre, les musicien·nes se préparent comme ils peuvent.

Des rassemblements ont lieu dans lesquels les artistes se serrent les coudes, se rassurent sur la qualité de leur travail, se partagent les bons plans,…

Construire et choisir un environnement qui supporte sa vie d’artiste est un premier rempart contre le perfectionnisme. Mais… C’est une solution qui a ses limites : tu ne trouvera pas à l’extérieur la réponse à un ennemi intérieur.

La peur du regard des autres (n’est pas le vrai problème)

Il y a déjà deux millénaires, l’empeureur/philsophe Marc-Aurèle disait : 

Cela ne cesse de m'étonner: nous nous aimons chacun plus que nous aimons les autres, mais nous attachons plus d'importance à leur opinion qu'à la nôtre…

Armé de cette jolie citation, soutenu par d’autres artistes, conscient du danger, tu te dis que tu vas n’en faire qu’une bouchée de ce monstre !

Et face à ce monstre (le regard des autres) tu gagnes assez facilement. Je ne veux pas minimiser cette victoire : réussir à se détacher du regard des autres n’est pas facile, et est encore plus déicat pour les personnes issues des minorités (de genre, de couleur, et aussi handicap, donc je me range dedans).

Mais je serais un très mauvais allié si je te disais que cette petite victoire signifie la fin de tes ennuis !

Ce n’est pas facile, mais il y a une motivation à ne pas faire quelque chose qui plait à tout le monde. Quand quelqu’un s’exprime contre ce qu’on fait c’est qu’au moins notre travail ne l’a pas laissé indifférent.

Je ne suis pas non plus le seul à ressentir un profond plaisir à juste être différent : être tellement à côté de la norme que ce n’est pas possible de mesurer ma réussite en utilisant un instrument de mesure standard comme la taille de mon compte en banque.

Tu es bien conscient·e qu’on ne peux pas plaire à tout le monde. Au contraire, que ce soit pour le moral, le marketing ou pour ressortir dans les algorithmes vouloir plaire à tout le monde est contre-productif (comme j’en parlais la semaine dernière).

Mais dans la réalité ?

Est-ce que ça suffit ?

Non…

Le pire des monstres habite dans notre propre regard.

Pas dans celui des autres.

Ma rencontre la plus brutale avec le perfectionnisme

Il y a trois ans, j’étais dans un environnement qui supportait beaucoup mon travail artistique, pendant mes études de production à Berlin.

L’ombre de Corona planait, mais :

  • les restrictions étaient moins stictes (et moins appliquées) qu’ici

  • cette situation renforcait les liens entre les quelques personnes qui continuaient à aller en studio quasi tous les jours

  • Les 5% qui continuait à venir pouvait se partager les différents studios et tout le matos mis disposition par l’école

J’avais lu plusieurs des travaux de Csikszentmihalyi sur le Flow, ainsi que Making Music de Dennis De Santis.

Fin Décembre j’y lisais un chapite de ce dernier livre sur le February Album Writing Month. Un challenge qui consiste à écrire, composer, produire et enregistrer 14 morceaux originaux pendant les 28 jours du mois de Février.

J’étais remonté à bloc et je n’avais pas l’ombre d’un doute sur le fait que j’allais y arriver. Et ça s’est bien passé durant les deux premières semaines qui ont donné naissance à 7 morceaux originaux. (bon, des démos hein !)

J’ai du voyager pour un traitement que je devais faire en France. J’étais encore complètement motivé, et l’aller n’a pas été un problème : dans le train j’ai accouché d’un 8e morceau. Ça s’annonçait bien…

Puis le lendemain, je me suis retrouvé dans une chambre collective pour une perfusion (si vous êtes déjà passé par un Hôpital de jour ça vous parle peut-être). 6 fauteuils médicalisés, des bip et sonneries chaque minutes.

J’avais mon Mac et mon clavier MIDI avec moi, mais ce n’était physiquement pas possible d’en jouer, de composer. Encore moins d’enregistrer.

Psychologiquement ce n’était pas reposant non plus : il fallait être sur le qui-vive pour quand ma propre perfusion était finie pour lancer la suivante, alors qu’il faut un peu d’espace mental pour écrire un morceau.

Le port du casque n’était pas une option car il fallait entendre bips et infirmières,….

Donc je me suis mis à penser. À douter de ce que j’avais fait. À douter de toute ma démarche. De ma légitimité à prendre part à ce challenge…

C’est le moment que le monstre du perfectionnisme à choisi pour frapper.

Un coup fatal.

Je n’ai rien écrit sur le territoire français. Rien non plus à mon retour…

J’avais encore quelques soucis d’addiction à l’époque. Juste repenser à la quantité de drogue qu’il a fallu pour étouffer la frustration monumentale de ne pas avoir réussi à relever ce challenge me donne honte… 🤦🏼‍♂️

L’important c’est ce que nos échecs nous apprennent. Et cet échec était tellement cuisant qu’il m’a appris énormément de choses sur moi.

C’est toute la poésie de l’existence humaine : chaque leçon est répétée - même si elle est douloureuse - jusqu’à ce qu’elle soit apprise.

Puis on passe à la leçon suivante…

Je pense que le FAWM est un EXCELLENT moyen de mieux se comprendre soi-même et son perfectionnisme. Car le but du challenge n’est pas de créer 14 chef-d’oeuvres, mais de développer la capacité de créer une chose imparfaite, juste après avoir produit une chose imparfaite et de le refaire plusieurs jours d’affilée. L’année suivante j’ai réessayé et j’ai réussi.

Une éducation efficace repose sur la répétition. D’un point de vue neurologique il faut que le signal électrique parcours les mêmes neurones à répétition plusieurs fois de suite pour renforcer le chemin neuronal qui a été créé. Vraiment développer une nouvelle compétence et manière de penser la créatoin. Pas seulement y arriver une fois.

Après, quand le cerveau sera confonté à un challenge similaire, il repassera par ce chemin neuronal qui a été renforcé au point de devenir une autoroute de la pensée.

Et il faut réutiliser ce chermin neuronal de temps à autre. Sinon la compétence ne disparaît pas, mais elle est beaucoup plus difficile à solliciter à nouveau. Ça devient un petit chemin de terre si on ne l’entretien pas…

Je n’ai pas relevé ce challenge l’année dernière, à part quelques remix et collaborations mes skills en production sont en train de rouiller.

Donc je pense qu’il est temps d’en remettre une couche… Je vais surement me planter. Développer mon activité prends beaucoup de temps, écrire ces mails aussi (8-10h par mail, 14-16h pour celui-ci) mais je sais que même si je me plante j’auais pris mon pied et que je serais fier de moi pour avoir essayé.

Qui est avec moi ? Ensemble on va plus loin.

L’écriture de ce mail

Ça fait un petit moment que je me promet que je vais écrire ce mail. Plusieurs phrases par-ci par-là sont tirées de brouillons que j’ai écrit il y a plusieurs mois.

Le perfectionnisme des créatif est un sujet intimidant.

Pour celleux qui ont le temps lire un magnifique livre sur le travail artistique je recommande La guerre de l’art de Steven Pressfield. C’est un ouvrage vraiment exceptionnel qui dépasse la seule question du perfectionnisme pour examiner dans sa globalité ce que l’auteur appelle la Résistance.

La Résistance ce sont ces forces internes invisibles qui sont les plus néfastes pour l’expresson de la créativité. C’est possible de trouver des résumés sur internet, probablement des vidéos Youtube sur le sujet, mais j’invite vivement chacun à débourser la dizaine d’euros que coûte ce livre pour apprécier le superbe travail d’écriture d’un auteur qui plonge à fond dans les milliards de freins qui trottent dans la tête des créatifs…

C’est marrrant…

En fait ce que je fais tout de suite - écrire sur un sujet détourné, partager mes sources,…- est une expression de cette Résistance.

Mon cerveau essaie de trouver un moyen de ne pas aller directement au fond de ce que je cherche à exprimer. Je laisse quand même ces quelques paragraphes parce que c’est un livre formidable et la digression que je viens de faire est un bon exemple de l’existence de l’insidieuse Résistance dont il parle.

Revenons à nos moutons…



Mercredi, j’ai fait une session de coaching dans un café rue Faubourg du Temple (Paris). La conversation n’était pas particulièrement centrée sur le perfectionisme - plutôt sur développer la constance de sa routine créative - mais à touché le sujet plusieurs fois.

C’est très très difficile d’apporter des éléments pour aider un artiste à travailler en dépit du perfectionnisme quand on a pas bien préparé le sujet. Donc j’ai botté en touche et - plus ou moins habilement - ramené la discussion sur une de mes zones de confort : la routine créative.

À nouveau l’ombre du perfectionnisme planait sur moi.

Il ruinait mon travail de coach, il ruinait ma newsletter, bref…

La descente aux enfers mentale ! 😥 

Et cette fois, c’était pire qu’avant ! Le perfectionnisme me touchait alors même que j’offrais aux artistes travaillant avec moi de les aider à résoudre ce type de problématiques.

J’étais une grosse fraude… Un mensonge.

Tout est perdu ?

Peut-être pas.

Une question de perspective

Ce chapitre final sera divisé en deux partie : l’environnement et la perspective.

L’environnement

Car c’est grâce à une conversation avec une de mes géniales coloc (bassiste, intermittente, ancienne cliente qui a répondu à mon questionnaire…) qu’est apparu un début d’éclaircissement.

J’avais complètement mis de côté l’effet Dunning-Kruger !

Tu as probablement déjà vu passer cette courbe et comme moi, tu l’as oubliée !

C’est une courbe très importante à garder en tête, surtout quand on traverse un coup de blues : à moins que tu sois totalement débuitant·e, le doute, le perfectionnisme sont un signe que tu as dépassé la montagne de la stupidité et de l’arrogance.

La progression de ta confiance n’est pas linéaire avec le progrès de tes compétences. Le biais de linéarité est commun chez l’être humain.

Linéaire c’est-à-dire, selon le Larousse : 1. Qui a l'aspect continu d'une ligne, qui se traduit par des lignes. 2. Qui est sans relief, relativement monotone, plat.

Tu es quelque part au fond de la vallée de l’humilité, tu te remets en question, tu doutes alors que tu es probablement quelque part sur la route (infinie) du plateau de la consolidation.

Juste le fait de se rendre compte de sa position sur cette courbe -validée par plusieurs études- m’a permis de me remettre en selle. Mais….

Ça ne suffit pas à saisir pourquoi le perfectionnisme, son objectif. La cause qu’il défend, la raison pour laquelle il est si courant chez les créatifs.

Perspective

Lors de cette session de coaching rue du Faubourg du temple, on a discuté de songwriting. D’une difficulté récurrente que j’ai conseillé à l’artiste de résoudre en changeant de perspective : si elle avait du mal à écrire la suite du morceau, pourquoi ne pas essayer d’imaginer ce qui venait avant, ou l’histoire depuis le point de vue de quelqu’un d’autre ?

Et c’est pendant l’écriture de cette newsletter que ça m’est revenu.

Comme souvent quand on crée quelque chose, les réponses arrivent pendant l’action. La préparation est primordiale. Laisser de l’espace mental aux idées pour qu’elles viennent aussi, le perfectionnement aussi, mais :

L’action est la clé fondamentale de tout succès.

Picasso

C’est en travaillant que les réponses apparaissent.

J’aime beaucoup la transversalité. Encore un fois c’est elle qui m’a permis - et qui je l’éspère te permettra à toi aussi- de résoudre mon conflit en récupérant cette idée du changement de perspective utilisée à propos du songwriting.

Il faut changer sa perspective sur le perfectionnisme.

La façon dont on le regarde. Arrêter d’y voir un adversaire.

Le perfectionnisme est là, logé bien au fond de ton cerveau, et c’est grâce/à cause de lui que tu crées des choses si plaisantes.

Il ne te quittera pas.

Tu ne peux pas le détruire.

Ni t’en débarasser.

À moins de totalement détruire l’essence même de qui tu es !

Tant mieux qu’il soit là alors !

Sinon la qualité de ton travail partirait avec lui.

N’empêche que le perfectionnisme à ses mauvais côté avec lesquels il faut composer.

L’issue ?

Le mieux qu’on puisse faire c’est le domestiquer : mettre sa puissance et ses avantages, au service de notre travail créatif.

Pas le domestiquer comme un toutou bien sage, mais plutôt comme un pur-sang arabe totalement hors de contrôle avec qui il faut réapprendre à faire équipe semaine après semaines.

Faire en sorte de minimiser les côtés négatifs du perfectionnisme. Ne pas le laisser entraver notre travail. S’habituer à accepter qu’on ne peut pas fonctionner à 200% tout le temps ! On peut juste moins le montrer.

Contrairement au dicton populaire :

Le mieux n'est pas l'ennemi du bien.

Le vrai problème ?

C'est quand le mieux nous mène à RIEN.

C’est important d’être Ok avec le fait d’obtenir un 7/10, ce qui compte c’est de réitérer l’action. La note globale. Pas celle de chaque action.

Parfois il est nécessaire de récolter un 7, un 5 ou même un 3/10 pour faire exploser les compteurs un peu plus tard.

Conclusion : mieux que de terrasser le monstre

Est-ce que ce mail est parfait ? Non.

Mais tu es en train de le lire, ça me suffit pour compter ça comme une victoire sur mon perfectionnisme.

Non ! Plutôt une collaboration avec mon perfectionnisme.

Comme la sensibilité -et beaucoup d’autres traits de caractères propres à la personnalité des créatifs·ves- le perfectionnisme est une arme à double tranchant.

Celui qui vous vendra une solution pour avoir tous les bienfaits du perfectionnisme sans aucun des côtés négatifs est un menteur.

Mais il existe des moyens de donner moins de force à ces côtés négatifs sans perdre les aspects positifs : méditation, challenges d’écriture rapide répétés, introspection, adopter une perspective large sur le perfectionnisme,…

J’éspère que ce mail (qui n’était pas évident à écrire…) te rendra service et te donnera des outils pour faire équipe avec ton perfectionnisme plutôt que le voir comme un adversaire.

La semaine prochaine sera bien chargée pour moi, donc si je pubie ce sera un mail bien plus court. Te voilà prévenu·e. 😉 

En attendant,

Prends soin de toi,

Ludo

Ce que 56 musicien·nes ont appris la semaine dernière :

  • Comment ne pas chercher à plaire à tout le monde

  • améliore ton état mental

  • améliore ton marketing

  • améliopre tes chances d’être mis en avant par l’algorithme

Reply

or to participate.