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Il était une fois...
#08 Au pays des artistes émergents
Je vais écrire sur deux choses qui sont différentes mais tellement liées que l’une n’existe pas sans l’autre : “le langage et les histoires”. comme le lien entre chaque éléments d’une batterie et le pattern que tu joue avec : tu peux les séparer mais…
Si j’ai choisi ce sujet, c’est parce que :
Comme en musique, il y a des règles et des structures.
Comme en musique, on peut jouer avec et les faire évoluer.
Comme en musique, en avoir conscience va t’apporter plus d’aisance.
Comme la musique, ces structures sont ancré dans la psychologie humaine.
Celle de ton public, et la tienne.
Comme toujours, ma priorité sera d’en faire quelque chose d’utile pour toi. 😉
On y va ? 😀
Il était une fois…
L’humain dépasse ses limites.
La quantité d’informations que l’on peut avoir dans notre mémoire de travail est très limitée entre 5 et 9 éléments par rapport à tout ce dont on fait l’expérience.
Pendant que tu lis ces mots. Il y a une quantité hallucinante d’informations que tu filtres parce que tu ne peux pas en même temps :
lire cette newsletter
prêter attention à ce sur quoi tu es assis
au contact de tes vêtemens sur ta peau
au goût dans ta bouche
aux odeurs que tu sens
aux bruits qui t’entourent
à ta respiration,…

enfin si, là tu viens d’analyser tout ça, parce que j’ai attiré ton attention dessus
Et ça t’a peut-être même fait un peu perdre le fil…
Donc reprenons, tranquillement.
Notre cerveau ne peux traiter qu’un nombre limité d’informations à la fois.
Heureusement, on a réussi à dépasser cette limite car on excelle dans la reconnaissance des motifs.
Grâce à elle, tu organise les informations et les regroupe dans des ensembles.
Exemple ?
En bois / avec un manche / 4 cordes / grave / taille humaine / musique : c’est une basse sans toutes ces infos on aurait pu dire un banjo, une arbalète un luth, un trébuchet…
Le côte pratique de la reconnaissance des motifs, c’est que ça autorise une certaine souplesse :
On comprend que si un instrument répond à tous les critères listés plus haut, mais à 5 cordes au lieu de 4, c’est juste une variation du motif de base de la basse : c’est une basse 5 cordes. Pas besoin de tout reprendre à zéro !

De la même manière, on peut se représenter un “power trio” sans description groupe de musique/ trois humains / trois instruments en bois / un à 4 cordes / un à 6 cordes /…
Ça, c’est le niveau du langage.
Des mots. Assez basique.
Chaque jours…
Et je vois venir ton objection :
“Pourtant, il existe des films qui durent des heures, des bouquins qui te mettent des mois à finir, des compos qui durent près d’une heure un de mes morceaux préférés, Music for 18 musicians de Steve Reich, par exemple
Et on arrive à les apprécier du début à la fin sans oublier à chaque seconde ce qui s’est passé plus tôt, pourquoi le héros en est là etc… alors que ces créations sont très complexes et pleines de détails.”
C’est pourtant le même principe de reconnaissance des motifs.
Sauf qu’on est passé à un niveau au-dessus du langage.
Celui des histoires.

Dans les années 1940, un professeur de littérature américaine - Joseph Campbell - remarque que dans toutes les époques, toutes les civilisations, certaines histoires suivaient les même schémas.
Ces recherches l’ont amené à écrire Le héros aux mille et un visages dans lequel il met à jour l’existence de monomythes : des archétypes d’histoires qui apparaissent dans plusieurs cultures. Qui suivent les mêmes motifs.
Comme beaucoup de grandes découvertes, c’est évident quand on y pense, mais elle à libéré énormément de créativité.
Une chaire de mythologie comparée à été créée en son honneur à New York.
George Lucas à reconnu sa grosse influence pour écrire Star Wars. Rien que ça…
La structure qu’il a mise en lumière s’apelle “le voyage du héros” dont je vais te présenter les 12 étapes. Exemple musical à la clef.

En musique actuelle, on peut retrouver certaines étapes dans "The Wall" de Pink Floyd. Ce concept-album raconte l'histoire de Pink, un musicien, qui traverse un voyage intérieur et extérieur de transformation.
Une interprétation partiale -et qui ne rends pas justice au génie créatif de Waters qui à écrit la plupart de l’album, Gilmour et Ezrin- mais qui donne plus de consistance au 12 étapes du voyage du héros :
Le Monde Ordinaire : "In The Flesh?" - La chanson d'ouverture de l'album présente le monde ordinaire du protagoniste, Pink.
L'Appel à l'Aventure : "Another Brick In The Wall (Part I)" - Cette chanson commence à exprimer le mécontentement et l'appel à l'aventure, symbolisant le désir de changement de Pink. Gilmous sème quelques dissonances sur un fond régulier rassurant.
Le Refus de l'Appel : "Empty Spaces" - Cette chanson peut être vue comme une expression de la résistance de Pink à faire face à ses problèmes émotionnels.
La Rencontre avec le Mentor : "Hey You" - Pink commence à chercher de l'aide, une forme de mentorat.
Le Passage du Seuil : "Comfortably Numb" - Cette chanson marque le moment où Pink franchit un seuil symbolique en se laissant emporter par un engourdissement émotionnel et par les médicaments.
Les Épreuves, Alliés et Ennemis : "Run Like Hell" - À ce stade de l'album, Pink est confronté à ses démons intérieurs et à l'aliénation croissante.
L'Approche de la Caverne : "Comfortably Numb" (à nouveau) - La chanson illustre la confrontation majeure à venir de Pink avec ses émotions et son isolement.
L'Épreuve Suprême : "The Trial" - Cette chanson représente la confrontation finale de Pink avec ses propres démons intérieurs, symbolisée par un procès.
La Récompense : "Outside The Wall" - Cette chanson marque la fin de l'album et peut être interprétée comme le moment où Pink atteint une certaine forme de récompense ou de compréhension, même si elle est teintée de tragédie.
Le Chemin du Retour : "Waiting For The Worms" - Pink semble être sur le chemin du retour à ce stade, cherchant une issue à sa situation.
La Résurrection : "Stop" - Bien que ce soit une chanson courte, elle peut symboliser un moment de pause et de réflexion pour Pink.
Le Retour avec le Trésor : "Outside The Wall" (à nouveau) - La chanson finale peut également être interprétée comme le retour de Pink dans son monde ordinaire, transformé par son voyage intérieur.

Au-delà de cette structure particuière, ça à permis de plus diriger l’attention des créatifs sur le goût des humains pour les motifs.
Et notre intérêt pour le découpage en 12 qui ressort dans beaucoup de livres, films et morceaux de musiques. C’est la thèse défendue dans The Addiction Formula de Fiedmann FIndeisen, livre sur les structures de songwriting - ça te tente d’en savoir plus ?
12 tons dans une gammes, 12 apôtres, 12 étoiles sur le drapeau européen,… Bref.
Connaître, jouer, faire évoluer et dépasser les motifs rendent les créations plus facile à consommer mais aussi à produire.
Plus facile à consommer car les structures créent une attente : après avoir survécu à l’épreuve ultime, le héros va trouver l’élixir secret. Après la tension harmonique ou mélodique viendra la détente. Les envolées rythmiques d’un batteur de funk ou mélodiques d’un jazzmen vont se résoudre avec un retour sur le “one” d’une précision chirurgicale.
Une ligne simple va contraster avec le paragraphe que tu viens de lire.
Plus facile à produire aussi car l’artiste peut se libérer du besoin de penser à la trame et se concentrer sur le remplissage cette structure d’une manière créative. Il peut simplement répéter une recette testé et approuvée (I-V-vi-IV, 12 bar blues,…) et se concentrer sur le choix des meilleurs ingrédients.

Grosse recommandation à ceux qui n’ont pas vu cette vidéo
Ou il peut au contraire choisir de jouer avec les attentes du public.
Faire grimper la tension, pour mieux faire apprécier la détente.
Ah bon ? Il y’à un côté sensuel à cette considération ? Sorry not sorry… 😅
Jusqu’à ce que…!
Mais cette exploration du langage et des histoires va beaucoup plus loin.
Avant d’explorer son utilité pour atteindre plus facilement tes objectifs ou le potentiel thérapeutique des histoires, explorons le côté militant.
Avant d’être un activiste politique majeur, Noam Chomsky a été un chercheur qui a révolutionné le domaine de la linguistique.

Il a présenté une théorie sur l’acquisition du langage allant contre la vision comportementaliste que personne ne remettait en cause à l’époque.
Selon les comportementalistes, l’être humain naît sans aucune prédisposition pour le langage et développe cette compétence seulement par l’imitation.
Tu imagines bien que remettre en cause cette une brique fondamentale du fonctionnement humain on parle quand même du langage hein aura des conséquences énormes : l’effritement des structures traditionelles, une libération de la créativité, une remise en cause des hiérarchies,…
Et pour faire monter encore un peu la tension :
La suite au prochaine épisode 😉
Conclusion
J’ai décidé de faire évoluer cette newsletter.
D’un côté le contenu à l’air de te plaire 71% d’ouverture pour le dernier envoi, yes 🤩 et de l’autre je m’en veux un peu de faire des mails aussi longs 🧐
J’ai peur que ça rende le contenu difficile à utiliser.
Alors que j’essaie de trouver un équilibre entre théorie et pratique.
Entre la musique et le monde autour.
Le compromis que j’ai trouvé : toujours garder un sujet par mois, mais explorer plusieurs facettes. Je vais pas encore m’engager sur le rythme d’un envoi par semaine, mais ce sera plus souvent qu’un par mois.
Je pense que ça rendra tout plus digeste.
Ça me ferait super plaisir que tu réponde à ce mail pour me dire ce que tu en pense c’est même pas pour l’algorithme, on est pas sur insta 😉 et si tu as des suggestions.
Prends soin de toi
Ludo
PS : pour cette série de mails, j’ai décidé d’utiliser une structure connue sous le nom de “Pixar Framlework” et j’ai arrêté l’action juste après avoir introduit l’élément perturbateur : Noam Chomsky
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